« Des mécanismes systémiques » : la moitié des grandes entreprises françaises n’ont aucun cadre dirigeant issu de la diversité
Les analystes ont examiné les comités exécutifs et conseils d’administration des sociétés cotées au SBF 120 au 1er novembre, au prisme notamment de la couleur de peau, du nom de famille et de la nationalité d’un total de 3 159 membres.
Par Le Parisien avec AFP

« Cette étude a pour vocation d’aider les dirigeants à se rappeler que le paramètre ethnique est une question fondamentale » et « qu’on ne peut pas être dans le déni » ni dans le « communautarisme économique », a déclaré à l’AFP Saïd Hammouche, président de la Fondation Mozaïk, co-autrice du rapport avec le cabinet Me-YouToo.
Les analystes ont examiné, en s’appuyant sur les recommandations de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), les comités exécutifs et conseils d’administration des sociétés cotées au SBF 120 au 1er novembre, au prisme notamment de la couleur de peau, du nom de famille et de la nationalité d’un total de 3 159 membres.
Une mesure de « diversité visible » a été déterminée en comptant les personnes perçues comme « non-blanches », et un taux de patronymes à « consonance extra-européenne » telles qu’arabe, africaine, asiatique, ou indo-pakistanaise.
« On ne peut pas être dans le déni »
L’étude souligne qu’une entreprise analysée sur deux a des instances dirigeantes intégralement blanches, et dont tous les membres ont des noms et prénoms à consonance européenne.
« Il y a des mécanismes systémiques qui font qu’on ne part pas tous avec la même chance et qu’on passe à côté de gens motivés, qui ont le talent, la compétence et qui se retrouvent confrontés à des plafonds de verre », dénonce Inès Dauvergne, PDG de Me-YouToo.
Quelque 6,5 % des profils passés en revue sont « ethniquement divers » dans les comités exécutifs, et 6,8 % dans les conseils d’administration, en augmentation respectivement de 0,5 point de pourcentage et 0,6 point par rapport à 2022, année de parution de la première édition du rapport. La composition du SBF120 a marginalement changé dans le même temps, avec une quinzaine d’entreprises remplacées.
À noter que les statistiques ethniques sont, de façon générale, extrêmement encadrées et très rares en France, ce qui complique la mise en perspective des chiffres.
Pour sortir du « tabou », Inès Dauvergne préconise « d’obliger les entreprises à une certaine transparence », afin de « valoriser les bons élèves », et faire en sorte que celles « qui ne font rien se sentent mal à l’aise par rapport à leurs futurs candidats, à leurs salariés, à leurs donneurs d’ordres ».
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